LES « MUSIQUES  SACREES  DU  MONDE » DE FES

C’est un fait, les Festivals sont à la mode. Ils s’affichent du nord au sud, d’est en ouest, dans les grandes villes ou dans les trous perdus…chaque région veut le sien, chaque thème est bon à prendre…Difficile de les dénombrer et de s’y repérer. On trouve aujourd’hui le meilleur et le pire : festivals de musique classique, ou baroque, ou celtique…de rock , de jazz, d’art lyrique, du roman américain… festivals connus et reconnus, festivals confidentiels, ou improbables, ou éphémères…Quelques belles têtes d’affiches, un zeste d’imagination et de talent, une dose de snobisme parfois, rien n’est gagné d’avance, la concurrence est internationale , surtout l’été!

Et puis il y a le Festival Musiques Sacrées du Monde de Fes, et il occupe une place à part. Depuis près de 20 ans ( 19ème édition cette année, sur le thème de « Fes l’Andalouse »), il attire dans la magnifique médina un public international, nombreux et souvent fidèle . Rares sont ceux qu’il laisse indifférents et on y rencontre beaucoup plus d’inconditionnels que de déçus…Pour le public comme pour les artistes, ce Festival est devenu une référence, un incontournable.

Mais pourquoi ?

D’abord , bien sûr, parce que Fes est un écrin incomparable. Mais aussi peut-être parce qu’on ne vient pas aux Musiques sacrées uniquement pour voir et entendre de beaux spectacles ou de grands noms de la scène ( même si…). Dès l’origine, les fondateurs du Festival ont mis en avant un «  esprit de Fes », et, finalement 20 ans plus tard, l’esprit souffle toujours ! En plus des concerts, les festivaliers sont invités à participer au «  Forum de Fes », pour discuter du monde tel qu’il va ou ne va pas, tel qu’il change, inquiète ou enthousiasme. Des personnalités animent ces échanges, philosophes, poètes, écrivains, gens de la politique ou des médias…ils donnent leur regard, expriment leurs doutes et leurs espoirs, le tout dans un climat d’ouverture et de tolérance ( et, ce qui ne gâte rien, dans le cadre délicieux des jardins du musée Batha !). Parmi les thèmes abordés ces deux dernières années citons «  le poète et la cité », « après le printemps arabe quel avenir ? », « la finance peut-elle être solidaire ? », « les nouveaux enjeux de la diversité »…à chaque fois l’occasion d’une rencontre entre la culture et la réflexion, entre l’actualité et la spiritualité.

Bien sûr, la musique reste au coeur du Festival. De très grands artistes du monde entier se produisent sur la grande scène de Bab Makina. Certaines soirées ont fait date : Paco de Lucia (l’un des plus extraordinaires concerts), mais aussi Joan Baez, Björk, Patti Smith ( comme on le voit, « musiques sacrées » serait plutôt à prendre au sens de « musiques engagées » !), Archie Shepp et bien d’autres encore…

A nouveau dans les jardins Batha, en union avec l’esprit de Fes et souvent en écho au thème annuel du Festival, les fins d’après- midi proposent des concerts plus intimes, et sont souvent l’occasion de belles découvertes, voire d’instants magiques ( nul n’oubliera les voix mongoles se mêlant aux voix sardes…).

Les « nuits de la médina » ouvrent d’autres lieux à des musiques et à des chants ou danses venus du monde entier, et la musique soufi n’est pas oubliée…

Enfin, un « Festival dans la ville » est présent, avec plusieurs grands concerts gratuits en plein air , des expositions, des animations…

Le Festival dure une huitaine de jours…et les journées sont denses !

Bien sûr, en prenant de l’âge, le Festival de Fes s’est professionnalisé. La notoriété l’a sans doute rendu moins proche, moins spontané. Mais il a su garder sa personnalité et valoriser ses différences, gagner en qualité sans oublier l’ « esprit de Fes ». Indéniablement, on rencontre aux «  Musiques Sacrées » un supplément d’âme qui vaut d’y venir…et incite à revenir !

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