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“LE JOUR D’AVANT ” : EN MEMOIRE DE LIEVIN (1974)

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27 Décembre 1974 au petit matin, la Fosse 3 (dite de Saint Amé) à Liévin reprend son activité après une brève trève de Noël…90 mineurs descendent y prendre leur poste … 42 d’entre eux, âgés de 25 à 54 ans, ne remonteront jamais. Car à 6h19 un bruit sourd secoue le quartier des Six Sillons à 710m de profondeur. La “catastrophe de Liévin” vient de se produire, la plus meurtrière depuis le drame de Courrières ( 1099 mineurs morts en 1906).

Les familles attendent des heures devant les grilles de la Fosse dans l’anxiété de savoir qui sont les victimes, les caméras et micros des journalistes harcèlent ceux qui remontent du fond. Très vite se pose la question du  POURQUOI de cette explosion. L’explication immédiatement avancée est celle d’un “coup de poussier” ( particules fines de carbone très inflammables). Mais l’autopsie de mineurs victimes marque la présence de grisou. La polémique démarre immédiatement. Pour la première fois dans l’histoire de la mine, l’habituel recours à “la FATALITE” n’est pas accepté. A l’émotion succède la mobilisation. Les syndicats sont sur le pont, des manquements à la sécurité pointés du doigt. La justice est saisie et le médiatique (et très bavard) juge Pascal chargé de l’instruction (il sera ultérieurement dessaisi du dossier). Un interminable feuilleton judiciaire commence. En 1975 , un ingénieur est inculpé puis envoyé devant la chambre correctionnelle en 1978. En 1981, un jugement conclut à “un manquement inexcusable des Houillères” , déclarées civilement responsables. En 1984, l’Appel revient sur ce jugement, et finalement, seul l’ingénieur sera condamné à une amende pour négligence sur la détection des gaz.

Le drame de Lièvin a profondément marqué les esprits et les coeurs des mineurs et de leurs familles…apparemment nettement moins au-delà de la région, peut-être parce que dans la tête de beaucoup, la mine “c’était déjà fini”…

En cette rentrée littéraire est sorti chez Grasset “Le Jour d’Avant” de Sorj CHALANDON… L’auteur , habité par le drame qui l’avait ému en 1974 ( il était alors journaliste à Libération), se ré approprie la douleur et la révolte alors ressentie, à travers un personnage , “inventant” une 43 ème victime…

Mais la fiction n’empêche pas un réalisme local et historique très fort ( Sorj CHALANDON n’est certes pas “un enfant du pays”, pourtant il en a étudié et compris la vie et la mentalité) . Le talent de l’écrivain se conjugue donc ici avec la rigueur du travail journalistique. L’écriture est claire et vivante, le récit très fort et néanmoins parfois empreint de poésie. Le public et les critiques ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, car “Le Jour d’Avant” semble parti pour être un succès de librairie….

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